Détails concernant l’intervention du lundi 27 avril 2009
SAMU 09-XXX-XXX
Heure d’appel de la régulation de l’entreprise : 15h45
Destination : Mr X
1er étage
X, avenue X
Vaulx en velin
Détails donnés par le régulateur : homme 49 ans, douleurs aigues du poumon, il nous demande de transporter le patient à HEH, porte N, sans bilan
Arrivée au bas de l’immeuble : 15h55
B et moi prenons le brancard, l’oxymètre, le tensiomètre, le sac O2 (bouteille oxygène, BAVU) et la chaise.
Entrée dans le domicile : 16h00
A notre arrivée, un homme nous attend sur le palier. ( il nous demande si c’est notre équipage qui est intervenu la veille pour sa mère)
Avant même de pénétrer dans l’appartement, nous entendons des cris.
L’homme nous fait entrer, et nous constatons que 5 ou 6 personnes se trouvent à l’intérieur, et visiblement tout le monde est agité et crie en même temps.
Un homme crie qu’il a mal, pleure, marche de long en large, agite les bras. Je demande confirmation qu’il s’agit bien de Mr X. La famille me le confirme et nous précise d’emblée qu’il est suivi en psychiatrie au Vinatier depuis 20 ans.
Nous constatons tout de suite son agitation, et le fait qu’il est en sueur, mais pas pâle. Sa famille lui crie de s’asseoir, ce qu’il refuse de faire.
Je me présente à lui, et je tente de le convaincre de s’asseoir, lui expliquant que pour faire notre bilan (notamment prendre sa tension) nous avons besoin qu’il soit immobile et assis.
Pendant que je tente de raisonner le monsieur, B sort les instruments de mesure. Je demande les dernières ordonnances, depuis quand il a mal comme ça, et s’il avait des antécédents.
Au bout de 5 mn environ, Mr X accepte enfin de s’asseoir, nous lui ôtons sa veste et mettons en place le tensiomètre ainsi que le saturomètre.
Le monsieur est très agité, et le tensiomètre a du mal à fonctionner.
Les résultats des appareils sont les suivants :
TA : 180/84
Pouls : 96
Saturation en O2 : 98%
Sans pâleur, sans cyanose.
Le monsieur décrit sa douleur comme une douleur dans les deux poumons, il nous confirme ne pas avoir de sensation d’oppression, juste une douleur aigue située dans les deux poumons, sans irradiation.
Tout de suite après que ayons noté les constantes, Mr X s’est immédiatement remis debout et à repris ses va-et-vient.
Son frère nous précise que Mr X est un gros fumeur.
Voyant que l’atmosphère est toujours aussi tendue, que la famille crie et nous empêche d’interroger le monsieur dans des conditions acceptables, et voyant que le monsieur ne se calme pas, nous décidons de l’éloigner de la famille, et donc de le faire descendre assez rapidement jusqu’au brancard que nous avons laissé en bas de l’escalier.
Nous prenons en compte le fait que notre bilan ne nous oriente pas vers une détresse vitale immédiate (constantes et examen clinique cohérents avec l’état d’agitation du patient) pour prendre la décision de le laisser descendre à pied la quinzaine de marches. La famille nous encourage d’ailleurs dans ce sens. Mr X était tellement agité que nous aurions vraiment eu du mal à le convaincre de s’asseoir à nouveau et de se laisser porter dans les escaliers.
J’avertis la famille que nous descendons avec le monsieur jusqu’au brancard, et je remonte chercher le reste du matériel, les ordonnances, et les noms des médicaments qu’il prend, le numéro de téléphone du père, la carte vitale, etc…
Nous accompagnons donc le monsieur dans les escaliers et l’installons sur le brancard, le dos plat à la demande du patient qui est toujours aussi agité.
B part jusqu’à l’ambulance installer le monsieur, pendant que je remonte voir la famille et récupère les documents.
La famille s’oppose alors à la décision initiale du régulateur de transporter Mr X à HEH, ils préfèrent qu’il soit transporté à Desgenettes, la Sauvegarde, bref, ailleurs.
Je sors de l’appartement et tente de joindre le centre 15 afin de passer mon bilan et de faire part de la volonté de la famille.
Prise de mon appel-bilan par le centre 15 : 16h14
La permanencière tente de me mettre en relation avec le médecin afin que je lui communique nos observations etc…mais suite à un problème de téléphone, je ne peux pas parler immédiatement au médecin régulateur. Je décide donc de demander à un membre de la famille de m’accompagner jusqu’à l’ambulance afin de lui communiquer la décision du SAMU quant à notre destination.
Il se passe donc environ 5 minutes entre la prise de mon appel par le SAMU et la mise en relation avec le médecin.
Juste avant d’avoir le médecin en ligne, j’arrive à l’ambulance et je me mets d’accord avec B pour mettre le patient sous O2, afin de tenter de le soulager, celui-ci se plaignant toujours de douleurs aigues, et criant encore. (Toujours agité, sans pâleur, et sans cyanose)
Quand le médecin réussit à me prendre en ligne, je lui communique notre bilan.
Alors que le médecin est en train de me répondre, B m’interpelle et me dit que le patient fait un malaise, nous constatons qu’il a perdu connaissance, mais qu’il respire et a un pouls. (Nous le constatons sur l’oxymètre, remis en place à l’arrivée dans l’ambulance)
Je communique immédiatement cette information au médecin.
Le médecin me demande plus de renseignements, je lui décris son apparence, et comme nous avons constaté que le patient présente à présent les signes d’une crise de spasmophilie (« mains d’accoucheur »), le médecin nous demande de le faire respirer dans un sac, ce que B fait immédiatement, et ce pendant 15 à 20 secondes.
C’est alors que Mr X a présenté des signes de détresse respiratoire, à savoir une dizaine de cycles respiratoires bruyants, lents, avec des « pauses ». J’ouvre sa chemise pour vérifier l’amplitude de sa respiration et nous sortons le BAVU par précaution.
Je décris cette évolution au médecin, qui me dit qu’il fait partir un SMUR.
Je lui demande si je peux le mettre sous oxygène, il me répond de mettre 15l/mn au masque haute concentration.
Je raccroche, et nous décidons de sortir le brancard afin de placer le monsieur en PLS, sachant qu’il est impossible de faire ces manipulations dans le véhicule dans lequel nous sommes.
Dès que nous sortons le brancard, une multitude de gens du quartier plus la famille se pressent autour de nous, en criant.
Une fois le monsieur placé en PLS, nous constatons qu’il ne fait plus de bruit, nous vérifions la ventilation, qui s’avère absente, et le pouls carotidien, également absent.
Nous plaçons immédiatement le monsieur à même le sol, afin de commencer à le réanimer. Nous ne plaçons pas de DSA, n’en étant pas équipés.
2ème appel au centre 15 pour signer l’arrêt circulatoire : 16h27
Je commence les compressions thoraciques, pendant que B tente de ventiler au BAVU. Mais le patient est très encombré, et les ventilations au BAVU ne passent pas. J’essaye à mon tour, mais rien de passe.
Entre temps la foule a grossi (femmes paniquées qui hurlent).
B colle ses lèvres à celles du patient pour tenter un bouche à bouche, mais je l’en empêche, craignant que le monsieur soit infectieux.
Un homme dans la foule nous hurle que nous devons lui faire du bouche à bouche. Je lui réponds qu’il n’en est pas question.
Un médecin généraliste arrive sur les lieux. La famille est allée le chercher. Il désire alors prendre la tension du patient, alors que je pratique les compressions……………………….
Arrivée du SMUR : 16h33
Arrive alors le SMUR. L’équipe aspire d’abord Mr X (et suspecte un risque infectieux), tant il est encombré, délivre un choc, le médecin l’intube, etc. J’ai alors commencé les ventilations manuelles BAVU, B a pris mon relais quelques minutes plus tard.
Au milieu de l’intervention, l’ambulancière du SAMU appelle sa régulation pour demander le renfort de la police, la foule devenant agressive et empêchant le bon déroulement du travail de l’équipe médicale. (Insultes racistes, menaces, …)
Un 2ème SMUR arrive avec la planche de réanimation.
Une fois médicalisé, nous installons Mr X sur le brancard avec le matelas coquille, le respirateur, le scope….dans le petit volume (Traffic) ! Et nous partons en direction de l’hôpital Cardiologique.
Mais en chemin la batterie de la planche de réa s’arrête et le médecin doit reprendre les compressions. Nous nous arrêtons et le temps d’aller chercher la batterie de secours dans le SMUR qui nous suit, la planche repart toute seule.
Nous sommes donc repartis direction le bloc de Cardiologie, où nous avons passé le relais à l’équipe médicale.
Fin d’intervention : environ 17h20