des news du bandit du sud
article du midi libre du 23
Édition Midi libre du lundi 23 février 2009
Enquête :Tirs groupés sur les ambulances Brando
« "Celui qui touche à mon empire, il est mort !" m'a dit un jour M. Brando. Il a laissé le doute planer et puis il s'est mis à rigoler. C'était sans doute au sens figuré, mais cet homme a un grand sentiment d'impunité. » C'est un ambulancier, aujourd'hui parti exercer son métier sous d'autres latitudes, qui parle ainsi de son ex-patron : Jean Claude Brando, lequel dirige une dizaine de sociétés d'ambulances dans le Sud de la France, dans le Gard notamment (lire ci-dessous).
En mai prochain, cet homme qui dénonce « le système Brando » a rendez-vous avec son ancien employeur. Aux prud'hommes de Nîmes, il fera valoir ses droits selon lui bafoués pendant des années : des heures supplémentaires impayées, mais surtout l'absence de cotisations aux caisses de retraite et à l'assurance maladie. Trois autres de ses anciens collègues attaqueront à ses côtés sur le même front et « beaucoup d'autres dossiers suivront », assure l'ambulancier.
Sans attendre le mois de mai, ces temps-ci à vrai dire, il ne se passe presque plus une semaine sans que le groupe Brando ne fasse parler de lui. Car ils sont nombreux aujourd'hui ceux qui osent "toucher à l'empire". Des ex-salariés, mais aussi des employés toujours en poste, tirent sur les ambulances. En janvier, à Briançon, les salariés de la société Prève se sont mis en grève parce qu'ils doivent « réclamer tous les mois d'être payé ». Récemment encore, à Avignon, la société Asa a connu quelques journées d'ébullition. Des ambulanciers évoquent, là comme ailleurs, des irrégularités sur les transports sanitaires et affirment avoir découvert qu'en fait ils n'étaient pas déclarés, parfois depuis des années. Une situation qui a fait craquer un salarié des Carpentrassiennes, une autre société du Vaucluse. Le 10 février, alors qu'exaspéré il demandait des comptes à sa responsable de site, il en est venu aux mains avec des « employés qui défendent M. Brando ». Il sera jugé pour ces violences le 19 mars en correctionnelle à Avignon mais compte bien ce jour-là faire de l'audience le procès de son patron.
Cette liste d'incidents n'est pas exhaustive. Les témoignages, parfois les plaintes, affluent, auprès des services d'enquête. Les parquets d'Avignon, Nîmes ou Alès auraient diligenté des enquêtes pour travail dissimulé, escroquerie à la Sécurité sociale, abus de bien sociaux, voire blanchiment de capitaux. Le groupe Brando est dans le collimateur des services de l'Etat : la justice donc, mais aussi l'assurance maladie, l'inspection du travail, l'Urssaf. Et ce n'est pas la première fois. En 2003, des soupçons semblables pesaient déjà sur le groupe Brando. Une enquête d'envergure avait été lancée depuis Nîmes. Mais, après trois ans d'instruction, l'affaire avait finalement débouché, en 2006, sur un non-lieu. L'histoire va-t-elle se répéter ?
Richard BOUDES